Pour les historiens contemporains, la fin du Moyen Age marque un « tournant dans l'évolution de la notion humaine du temps ». Cette évolution intime et silencieuse, ce subtil changement de psychologie sociale, s'expriment concrètement dans ce que Jacques Le Goff a appelé les deux types de temps, « le temps de l'Église et le temps du marchand ».
Le premier, « le temps de l'Église », prolonge une tradition agricole millénaire, à laquelle les coutumes et les lois mosaïques avaient donné une forme rituelle et une tonalité religieuse. Dans cette tradition le travail et l'activité de l'homme se mesuraient en fonction de repères sidéraux, le lever et le coucher du soleil, douze heures de durée variable selon les saisons, scandées à l'époque romaine par l'éclat épique des trompettes, et à l'époque médiévale par la majestueuse solennité liturgique des cloches, vigies de la foi et de l'espérance en ces temps de rudesse.